Vous allez intégrer le Master Droit des Libertés à la rentrée ? La recherche de stage vous inquiète ? Vous ne savez pas quel métier exercer ? Afin de clôturer l’année universitaire 2021/2022 et d’aider les futurs étudiants à construire leur projet professionnel, le blog Droit des Libertés vous partage les témoignages des étudiants de la promotion concernant leur stage de fin d’études.
1) Marie : « J’ai effectué mon stage au Pôle régional Occitanie du Défenseur des droits basé à Toulouse. J’y ai passée 6 mois car le Défenseur des droits ne recrute des stagiaires que sur la base des semestres universitaires (janvier à juillet et juillet à décembre). J’ai donc commencé mon stage mi-janvier pour le finir mi-juillet. Ce stage correspondait à mon attente, à savoir un stage qui a un sens pour moi et pour la défense des droits et libertés.
J’ai trouvé ce stage sur LinkedIn. J’ai rencontré des difficultés à trouver un stage car j’avais déjà réalisé un stage au sein d’un cabinet d’avocat et, même si ce stage s’était particulièrement bien passé, je voulais avoir une expérience différente. Ainsi, je ne voulais surtout pas tomber dans un choix par défaut et je me suis donc efforcée de répondre à des offres de stage qui me correspondaient vraiment. Nous avions également créé un groupe Messenger des personnes souhaitant réaliser un stage au sein de la promotion et nous nous échangions les différentes annonces trouvées. Je me suis cependant très souvent heurtée à l’absence de réponse des organismes déposant les annonces ou à des réponses négatives.
De plus, l’offre de stage était très explicite et contenait un certain nombre d’autres missions qui n’étaient pas des missions juridiques et qui m’intéressaient particulièrement. En effet, mes différentes expériences associatives précédentes m’ont particulièrement plu et m’ont permis de me rendre compte que je n’aspirais pas, à terme, à effectuer uniquement des missions juridiques. Ainsi, dans l’offre de stage, il y avait une partie action de promotion, secrétariat et gestion des bénévoles travaillant pour le Défenseur des droits en Occitanie. Sur le papier donc, cette offre de stage correspondait parfaitement à mes attentes et au contenu que je me faisais de mon projet professionnel.
Au départ, j’assurais des missions d’archivage de conseils juridiques donnés aux bénévoles travaillant pour le Défenseur des droits ; j’assurais également la diffusion des appels à candidature de ces bénévoles ; je répondais aux demandes de conseils juridiques des bénévoles. J’étais également associé à toutes les réunions ou projets préparé.e.s par mes deux collègues. Nous avons également fait beaucoup de déplacements.
Ainsi, j’ai très rapidement pu devenir de plus en plus autonome et ils ont pu me donner de plus en plus de missions. J’ai ainsi présenté le Défenseur des droits et ses champs de compétence en binôme puis en autonomie devant des étudiants, des associations, les services civiques du Défenseur des droits. Je suis allée présenter le rapport sur les mineurs non accompagnés de 2022 à une table ronde organisée par des étudiants à Montpellier.
Les Pôles régionaux sont des petites équipes (maximum 3 personnes avec chacun un poste différent). Plus occasionnellement nous sommes en lien avec des juristes du siège et les autres Pôles régionaux. Que ce soit au sein du Pôle régional Occitanie et au sein du Défenseur des droits, je me suis très vite sentie intégrée. Avec mes deux collègues du Pôle régional Occitanie, cela s’est très bien passé. Il en va de même avec les bénévoles travaillant pour la région Occitanie avec qui j’ai entretenu de très bonnes relations.
Ce stage m’a appris plusieurs choses sur le plan académique et professionnel. Tout d’abord, les champs de compétence du Défenseur des droits sont particulièrement étendus donc, pour conseiller juridiquement les bénévoles, il a fallu que j’effectue de nombreuses recherches sur des pans du droit qui m’étaient pratiquement inconnu. J’ai beaucoup apprécié cette possibilité d’apprendre tous les jours quelque chose de nouveaux et d’élargir mes connaissances. Dès lors, je sais qu’à terme, je souhaite continuer à diversifier mes domaines d’expertises.
Ce stage m’a également permis de me rendre compte que je ne souhaitais pas avoir qu’un aspect juridique à mon projet professionnel. J’ai apprécié la diversité des missions qui m’ont été proposée notamment la préparation d’action de promotion directement en lien avec les partenaires et la réalisation de ces mêmes actions en autonomie.
J’ai également beaucoup apprécié le travail en équipe et le lien avec les bénévoles. Maintenant je sais que le format petite équipe me convient davantage.
En ce qui concerne la recherche de stage, il me semble important de regarder partout, de se renseigner auprès de plusieurs personnes afin d’avoir plein d’idées différentes. Bien qu’ayant étudié le Défenseur des droits, je ne savais pas qu’il existait des Pôles régionaux et encore moins qu’il était possible d’y faire des stages. Le siège du Défenseur des droits recrute également des stagiaires tous les semestres (en janvier et en juillet). Maintenant toutes leurs offres sont répertoriées sur le même site web (https://defenseurdesdroits.nous-recrutons.fr/#anchor-onepage-list). Pour avoir participé aux entretiens des stagiaires du semestre actuel, il est également important de préparer son entretien pour un stage.
J’ai été embauchée comme chargée de mission lutte contre les discriminations au Pôle régional Bourgogne Franche Comté du Défenseur des droits pour un CDD de 6 mois renouvelable. »
2) Léo : « Les études universitaires, notamment juridiques, étant particulièrement orientées vers l’apprentissage théorique, je ne me suis rendu compte de mon ignorance quant à la réalité des métiers du droit qu’une fois arrivé en master. Un stage long de fin d’études m’a alors très vite semblé une évidence.
Je suis en stage au tribunal administratif de Toulouse pour une durée de trois mois, que j’ai eu l’opportunité de renouveler trois mois supplémentaires jusqu’à septembre. L’accès à ce stage m’a été facilité par ma participation au diplôme universitaire de Contentieux administratif effectué à l’UT1 en parallèle du M2, qui a fait office de lien entre les étudiants et les magistrats du tribunal de Toulouse.
J’escomptais initialement passer le CRFPA, et ainsi effectuer un stage en cabinet d’avocat, mais je n’avais pas d’appétence pour un domaine d’exercice particulier. Ayant un penchant naturel pour le droit public, j’ai alors considéré qu’un stage au tribunal administratif serait l’occasion de me familiariser avec un large panel de contentieux et d’avoir une vision plus complète du droit administratif en général. Nombre de stagiaires au tribunal souhaitent passer le CRFPA ou sont déjà élèves-avocat, et je pense à ce titre que cette expérience «de l’autre côté du miroir» est indispensable : plus un avocat aura une vision précise de l’office du juge et de ses attentes, meilleure sera sa capacité à répondre efficacement à chaque affaire à sa charge.
Le tribunal est organisé en diverses chambres, chacune spécialisée dans des domaines du droit public, avec son trio de juges statuant en formation collégiale. Pour ma part, je suis rattaché à la cellule du contentieux des affaires sociales, qui est une «mini-chambre», où le président statue seul, en «juge unique». Les tâches qui m’incombent sont les mêmes que dans une chambre classique : j’étudie les dossiers en instance, je recherche la solution juridique à leur donner, et je rédige un projet de jugement que je transmet par la suite au magistrat.
C’est un travail assez solitaire, mais avec une autonomie très satisfaisante. Mon juge n’est pas un «patron», il n’attend pas que j’ai un rendement précis, et me laisse libre sur ma méthode de travail. Il a une approche assez horizontale et pédagogique : lorsque nous ne sommes pas d’accord sur la direction à donner à un dossier, il me demande de défendre ma position plutôt que d’imposer la sienne, il me suggère de réorienter mes recherches lorsque je suis une fausse piste. C’est quelque chose de très agréable (et assez rare?) pour un stagiaire de se voir accorder autant de confiance !
C’est une chose d’apprendre la théorie, les grands arrêts et les principes directeurs du droit administratif, c’en est une autre – non moins passionnante, de les appliquer concrètement pour résoudre des litiges.
En contentieux social cependant, le ministère d’avocat n’est pas obligatoire, et de nombreux requérants viennent par eux-mêmes à l’audience. J’ai été marqué par ces personnes en situation de handicap qui viennent plaider leur cause en personne car elles se sont vu refuser l’attribution d’une carte de stationnement par exemple. Ce genre d’affaire ne saurait poser de difficultés particulières pour un juriste, mais les conséquences de la décision sur le requérant sont immédiates et majeures, alors même que ce-dernier peut parfois se sentir désemparé face à la complexité des législations. Le juge de ma cellule répétait souvent un même mantra : une décision de justice doit avant tout chercher à faire «œuvre utile», c’est-à-dire être suffisamment explicite et concrète pour que la solution juridique retenue soit compréhensible à tout un chacun.
Je recommande vivement à quiconque s’intéressant aux professions de greffier, avocat ou magistrat administratif d’effectuer un stage au tribunal administratif. Il faut évidemment être intéressé par le droit public dans sa globalité, mais un étudiant en droit des libertés saura tout à fait trouver sa place. »
3) Fanny : Fanny a pour sa part effectué un stage de 3 mois dans un cabinet d’avocat en droit des étrangers. Pour le trouver, elle a contacté à plusieurs reprises l’avocate en question. Alors que le secrétariat lui avait initialement indiqué que celle-ci ne prenait pas de stagiaire, l’avocate lui a finalement proposé un entretien après que Fanny l’ai contacté directement par mail. Lors de ses premières recherches de stage, Fanny avait déjà essuyé « beaucoup de refus après avoir mentionné la durée minimum, qui implique une rémunération. Beaucoup de mails sont restés sans réponse. » Un seul entretien lui a été proposé, au sein du cabinet dans lequel elle a effectué son stage.
C’est la volonté de découvrir la profession d’avocat et son ambition de présenter le CRFPA qui ont poussé Fanny à effectuer un stage dans un cabinet. En ce qui concerne ses missions, elle a été amenée à rédiger des recours (REP, requête en appel, mémoire en défense), effectuer des recherches juridiques, des consultations juridiques et répondre à des demandes d’aides juridictionnelle.
Effectuer ce stage lui a permis de constater par elle-même les avantages et les inconvénients de la profession d’avocat. Ce qui ne manquera pas de l’aider dans son orientation professionnelle. Elle a également pu améliorer ses connaissances et ses compétences dans le traitement du contentieux des étrangers.
Sans grande surprise, Fanny a décidé de présenter le CRFPA en 2023. Elle a réalisé qu’elle n’était pas forcément faite pour le contentieux pur et dur (ce qui demande de rédiger énormément de recours). Le contact avec les clients lui a parfois manqué (tous les clients ne sont pas systématiquement reçus en cabinet, beaucoup de dossiers sont traités sans les rencontrer directement). L’associatif est une voie qu’elle envisage également.
Si Fanny a un conseil à donner aux étudiants dans leur recherche de stage, c’est de « persévérer, même si l’on reçoit beaucoup de réponses négatives. Il faut également se renseigner sur le cabinet en question avant de signer la convention de stage : si beaucoup de retours négatifs, fuyez ».
Nous souhaitons donc bonne chance à Fanny pour la préparation du CRFPA en septembre 2023 !
4) Estelle : « J’ai opté pour la voie professionnelle pour voir la vie quotidienne d’un juriste et d’un avocat. Lors de nos études, on apprend uniquement la partie théorie du droit. Je voulais savoir l’appliquer et aider les personnes directement.
J’ai effectué mon stage dans 2 structures. Tout d’abord, j’ai travaillé 3 mois à la Maison de l’Europe du Lot et Garonne. C’est une association et un organisme de formation de cours de langues. Avec le label Europe direct délivré par le Parlement européen et le Conseil de l’Union Européenne pour être un intermédiaire entre les institutions européennes et les citoyens. Elle a pour mission d’animer un territoire pour promouvoir l’Union européenne.
Ensuite, j’ai choisi de faire un deuxième stage d’un mois et demi chez un avocat en droit des étrangers. J’ai ainsi pu voir deux métiers et deux façons d’appliquer le droit.
J’ai choisi de faire ces stages car je voulais juste expérimenter la vie de plusieurs métiers (juriste et avocat). Je conseille cette expérience car c’est très enrichissant.
Lors de mon premier stage j’ai eu des missions diverses et variées :
– Des émissions radios
– Rédactions d’articles lié à l’actualité
– Animer une conférence liée à l’actualité
– Tenue de stand pour l’association
– Rédaction de résumés des débats
– Préparation d’activité pour en connaitre plus sur l’Union européenne pour différentes tranches d’âge
– Animer les activités devant les différents groupes
Lors du deuxième stage :
– Rédiger des requetés
– Effectuer des recherches
– Assister à des audiences
J’ai appris plein de choses pendant mes deux stages que ce soit professionnellement ou personnellement. J’ai pu découvrir que j’étais tout à fait apte à travailler, que j’étais autonome, que j’avais de l’initiative et que je faisais du boulot satisfaisant ce qui change des notes des devoirs où ce n’est jamais assez bien pour avoir une meilleure note.
Entre les deux milieux, j’ai compris que j’appréciais plus le milieu associatif. Et plus particulièrement un poste où je peux aussi utiliser mes compétences d’animatrices en créant des activités pour renseigner les personnes sur leur droit ou sur l’Union européenne.
Il y a peu d’associations qui accepte de payer les stagiaires. Si vous êtes vraiment intéressés, il vaut mieux faire 2 stages mais qui sont non payés pour faire les 3 mois. Si vous ne savez pas quoi faire après le master je conseille vraiment de faire 2 stages dans deux domaines différents pour découvrir.
Grâce à la maison de l’Europe, j’ai découvert qu’il existait plusieurs programmes financés par l’Union européenne pour permettre aux jeunes de partir à l’étranger. Il y a notamment du volontariat avec le corps européen de solidarité qui prend en charge le voyage, le logement et la nourriture, ainsi qu’un un peu d’argent de poche. Il existe différents types de missions. J’ai choisi une mission d’un an en Suède dans une structure qui a le label Europe direct comme la maison de l’Europe. »
5) Chloé : « j’ai réalisé un stage de six mois à La Chaîne Parlementaire (LCP), au sein de l’émission quotidienne de débats Ça Vous Regarde, présentée par Myriam Encaoua du mardi au vendredi à 19h30. Ayant toujours été intéressée par le journalisme, j’ai voulu tenter une expérience dans le domaine afin d’avoir une idée concrète du métier. Durant ces six mois, mon travail a consisté à aider l’équipe dans la préparation de l’émission : recherche des sujets, rédaction de notes sur les thèmes d’actualités, synthèses d’ouvrages des invités, aide à la construction des plateaux (programmation des invités), rédaction des métadonnées…
J’ai eu l’occasion de suivre en direct tous les temps forts de l’actualité : guerre en Ukraine, élection présidentielle et élections législatives. Mes connaissances en droit international et en droit constitutionnel m’ont donc été précieuses. Ce stage m’a permis d’enrichir ma culture générale et de développer mes compétences journalistiques. Je me suis très bien intégrée au sein de l’équipe, j’ai pu découvrir le fonctionnement d’une rédaction et bénéficier d’une expérience au cœur de la vie parlementaire. Cette expérience a confirmé mon envie de me réorienter en journalisme. Je compte donc intégrer une école de journalisme à la rentrée 2023.
En ce qui concerne la recherche de stage, je n’ai rencontré aucune difficulté. J’ai obtenu une réponse positive dès ma première candidature. Un coup de chance très certainement : les étoiles devaient être alignées ce jour-là. En revanche, les dates de départ en stage ont failli être un obstacle. En principe, il n’est possible de partir en stage qu’à partir du mois de mars. Mon stage débutant en janvier, j’ai dû convaincre les directeurs du Master de me laisser partir plus tôt. Ces derniers ont accepté à la condition que je continue à suivre les cours en parallèle et que je rendre les devoirs demandés par les professeurs. Concilier le stage et les cours n’a pas été une tâche facile mais grâce à la bienveillance des professeurs et à l’aide de mes camarades, j’ai pu m’en sortir !
Pour conclure, je conseille à tous les étudiants qui souhaitent réaliser un stage dans un domaine qui sort du cadre type du droit, de tenter l’expérience. Ecoutez vos envies. Vos compétences juridiques peuvent vous servir d’atout pour basculer dans un autre domaine. Si vous sentez qu’un stage est fait pour vous et qu’il peut vous permettre de vous épanouir, alors foncez ! Et n’hésitez pas à envoyer des candidatures spontanées ou à demander des contacts auprès de vos professeurs ou des anciens étudiants de la promotion. Parfois, il faut savoir forcer le destin !
Propos recueillis par Chloé Ollivier